Le site de Tell el-Iswid
Les problématiques en jeu
Le IVè millénaire constitue la période de formation de la civilisation égyptienne. C’est durant ces siècles qui précèdent la naissance de l’Etat, vers 3000 avant notre ère, que s’en élaborent les contours, les traits essentiels qui perdureront plusieurs millénaires durant. Des deux grands groupes culturels qui dominent dans la vallée du Nil à la fin du Vè millénaire, Naqada au sud et « Maadi-Bouto » ou CBE (Cultures de Basse-Egypte) au nord (de la région memphite à la pointe du Delta), un ensemble culturel homogène se révèlera vers 3500/3400 avant notre ère, qui empruntera ses principales caractéristiques aux cultures du Sud. Les modalités de cette transition restent controversées : migrations ? conquêtes ? acculturation ? Qu’est-ce qui a conduit les communautés du nord du pays à abandonner un jour leurs traditions culturelles (les modes d’inhumation, les façons de fabriquer des poteries, les outillages lithiques) pour adopter celles de leurs voisins méridionaux ?
Les réponses à ces questions – ou tout au moins des éléments de réponse – se trouvent dans les sites d’habitat stratifiés du Delta. Elles inscrivent : 1/ les mutations de l’habitat avec, en particulier, l’apparition de l’architecture de briques crues et la question de ses origines, 2/ l’adoption de nouvelles traditions pour façonner et décorer les céramiques, 3/ le renouvellement de l’outillage lithique et de ses sources d’approvisionnement, 4/ l’évolution des pratiques agricoles, de l’élevage et des modes de subsistance dans un paysage en transformation. Ce sont les objectifs de la mission de Tell el-Iswid.